Nuit du Film Anticolonial

Dans le cadre de la semaine anti-coloniale, L’Yeux Ouverts propose un
programme de films de fictions et documentaires consacrés, notamment,
aux grandes figures des luttes anti-coloniales des peuples d’Asie,
d’Afrique et du monde arabe. Il s’agit pour nous non seulement de
sauvegarder cette mémoire tricontinentale anti-impérialiste, mais aussi
d’en montrer l’actualité à une époque où s’intensifie la logique de
guerre de l’Empire américain.

P.A.F : 20 euros – 10 euros (précaires)


Programme SALLE 1

– 21h30 :

AFRIQUE 50 et rencontre avec René Vautier

Documentaire de René Vautier (20 mn – 1950)

A la fin des années 40 la Ligue de l’enseignement propose à René
Vautier de réaliser un film montrant « comment vivent les villageois
d’Afrique occidentale française ». Ce film est destiné à être montrer
aux élèves des collèges et lycées de France. En accompagnant une équipe
de routiers éclaireurs de France, il doit ramener des images sur la
réalité africaine, puis en faire un montage. Vautier arrive donc en
Afrique à 21 ans, sans idées préconçues. Cependant, de son périple
africain, sortira le premier film anticolonialiste français.

Sur le sol africain, Vautier est accompagné par le gouverneur. Ce
dernier tend à conseiller à Vautier de filmer les ananas du jardin de
l’Office du Niger, alors que le documentariste était plus intéressé par
les galériens noirs qui manoeuvraient à bras les vannes d’une écluse
d’un barrage qui alimentait en électricité les maisons des blancs, mais
pas le barrage : les Nègres coûtent moins cher… Vautier est révolté
par le vrai visage du pouvoir colonial. Pendant près d’un an, en partie
accompagné par Raymond Vogel, il parcourt le Mali, la Haute Volta, la
Côte d’Ivoire, le Ghana, le Burkina Faso. Et il filme, grâce aux
Africains qui le protègent.

– 22h 30 :
LE CINE COLONIAL DOCUMENTAIRE de Mokhtar LADJIMI & Youssef EL FTOUH (52 mn – 1997)

Par toute une série de témoignages filmés, fiction ou documentaire, une analyse sur la propagande coloniale au début de années soixante.

L’Algérie comme la Tunisie ont découvert le cinéma par les images
tournées par les colonisateurs. C’est toujours la métropole et son
pouvoir qui est mise en exergue avec le beau rôle pour une représentation négative des Maghrébins stéréotypés : les hommes brutaux
et les femmes lascives. René Vautier a fait figure de contestataire
soutenant les mouvements de Libération nationale. Aujourd’hui pour
l’Occident, c’est l’image de terrorisme qui a succédé au cruel et
brutal sauvage.

– 23h 30 :
FRANTZ FANON : PEAU NOIRE, MASQUE BLANC
DOCUFICTION de Isaac JULIEN ( 70 mn)

Psychiatre et théoricien révolutionnaire, Frantz Fanon a été
ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne.
Membre du FLN, poète, écrivain, il meurt à trente-six ans d’une
leucémie en 1961. Sa pensée est réformatrice et fulgurante, il peut
être comparé par son influence mondiale à Che Guevara ou mieux encore à
Malcolm X. Admiré des Black Panthers et des révolutionnaires du Tiers
>Monde, ami de Sartre et de Beauvoir, il a dénoncé avec passion le
racisme et le colonialisme. Antipétainiste, il fit partie des Forces
françaises libres de la Caraïbe. Auteur de « Peau noire, masque blanc »
(1951), son dernier livre « Les damnés de la terre » est un appel à la
libération des esprits colonisés à travers le monde. A l’aide de
documents d’archives, d’interviews et de scènes reconstituées, le
réalisateur fait le portrait réussi de Frantz Fanon, Martiniquais noir,
se sentant profondément européen mais aspirant à se libérer de ses
« masques blancs ».

– 01h 00 :
LA BATAILLE D’ALGER

Fiction de Gillo PONTECORVO (100′ – 1966)
Le film, qui avait été interdit de sortie en France en 1966 (sorti en 1971 et retiré de l’affiche rapidement après un attentat dans le
cinéma), vient de sortir de l’oubli après un passage aux Etats-Unis.

Considéré par beaucoup comme un film du patrimoine algérien, La
Bataille d’Alger reste le plus important témoignage de l’époque. Son
producteur, Yacef Saadi, premier producteur indépendant et surtout un
des chefs du FLN pendant la guerre, y joue son propre rôle. L’arrivée
des paras du Commandant Mathieu dans la Casbah d’Alger sonne le glas
pour la résistance et son chef, Ali La Pointe. Le démantèlement du réseau du FLN continue. La victoire est française. Mais, l’histoire le
dira trois ans plus tard, l’Algérie réclame son indépendance

Interprètes : HADJADJ, Brahim (Ali La Pointe) / SAADI, Yacef (Saari
Kader, son propre rôle) / MARTIN, Jean (Colonel Mathieu) / BOURIHIYA,
Fatma / AL KADER, Fawla / ROUICHED / KERBASH, Michèle / KASSEN, Ben /
PALETTI, Ugo / Non professionnels

– 03h 00 :
LUMUMBA

FICTION de Raoul PECK,(116 mn – 2000)
Patrice Emery Lumumba est un des héros de l’indépendance congolaise. A
la fin des années 50, il se retrouve propulsé sur le devant de la scène
politique internationale à la suite de la décolonisation. Tel Kenyatta,
Nkrumah ou pour d’autres el Che, il rejoindra l’histoire des héros de
la lutte anticoloniale. Au début, il milite activement pour la liberté
du peuple africain dans la légalité. Les colonisateurs belges laissent
s’organiser des élections qui tournent à leur désavantage.
Contrairement aux choses prévues, Lumumba devient le premier ministre d’un des pays les plus riches d’Afrique. Il n’est en fait qu’un pion
sur l’échiquier politique mondial. Manipulé et trahi, au moment de sa
fuite pour rejoindre ses partisans dans le Nord du pays, il est arrêté
par Mobutu, un ancien de son équipe. C’est sur ordre de Eisenhower,
après le lâchage belge, que Lumumba sera éliminé. Torturé et envoyé au
Katanga, fief ennemi, il y sera assassiné en janvier 1961. Il avait
trente-sept ans. Pour éviter tout culte après sa mort, son corps disparaît brûlé.

Interprètes : EBOUANEY, Eriq (Patrice LUMUMBA) / DESCAS, Alex (Joseph
MOBUTU) / KOTTO, Maka (Joseph KASA VUBU) / SOWIE, Théophile Moussa
(Maurice MPOLO) / KABONGO, Dieudonné (Godefroid MUNUNGO) / NZONZI,
Pascal (Moïse TSHOMBE) / DEBAAR, André (Walter J. Ganshof Van der
Meersch) / DOUKOURE, Cheick (Joseph OKITO) / DIOP MAKENA, Oumar (Thomas
KANZA) / KABA, Mariam (Pauline LUMUMBA) / DELHEM, Rudi (général Emile
Janssens)


PROGRAMME SALLE 2

– 23h 30 :
LA COULEUR DU SACRIFICE

DOCUMENTAIRE de Mourad Boucif (81 mn – 2006)
« La Couleur du Sacrifice » donne la parole à ces hommes venus
d’ailleurs qui, pour la plupart enrôlés de force, ont joué un rôle
crucial durant la Seconde Guerre mondiale et notamment lors de la
Libération.

Ignorés des manuels scolaires et écartés des grandes commémorations
« spectacle », ils cherchent aujourd’hui à faire exister cette page
occultée de l’histoire et à témoigner avec force et indignation de la
façon dont le gouvernement français les ignore.

– 01h 00 : Les massacres de Sétif, un certain 8 mai 1945

Documentaire de Mehdi LALLAOUI & Bernard LANGLOIS (52 mn – 1995)

Le 8 mai 1945, jour de la victoire sur le nazisme, est aussi un jour de
deuil. A Sétif puis dans tout le Constantinois, les
manifestations pacifiques d’Algériens indépendantistes qui se mêlent
aux festivités tournent au massacre colonial.

– 02h 00 :
UNE JOURNEE PORTEE DISPARUE, 17 octobre 1961

DOCUMENTAIRE de Philip BROOKS & Alan HAYLING (52mn- 1993)

Le 17 octobre 1961, des milliers d’Algériens de nationalité française
manifestent dans les rues de Paris contre le couvre-feu qui leur est
imposé par le préfet de police Maurice Papon. Vingt quatre heures plus
tard, on compte des dizaines de morts. Ces Algériens ont été assassinés
par des fonctionnaires de la police sous les ordres de leurs
supérieurs. On n’en connaîtra jamais le nombre exact. Des corps sont
retrouvés dans la Seine, dans le bois de Boulogne. Les réalisateurs ont
recueilli les récits de manifestants et de témoins de l’époque, de
dirigeants du FLN, de journalistes ayant couvert les évènements, de
médecins et d’avocats. Ils posent deux questions à travers ce
documentaire : comment de tels évènements ont-ils pu se produire et
pourquoi ont-ils été passés sous silence pendant quarante ans ? Ce
documentaire fait la lumière sur cet épisode trouble de la guerre
d’Algérie.

– 03h 00 : ENQUETE DE PALESTINE

Documentaire de Edward SAÏD ( 52 mn – 1998)
Edward Saïd, intellectuel palestinien de référence éxilé aux Etats-Unis
jusqu’à sa mort, a produit de nombreuses réflexions sur l’Orientalisme,
le colonialisme et l’impérialisme. A l’occasion d’un voyage en
Palestine, à la veille de la deuxième Intifada, il dénonce le processus
de colonisation à l’œuvre, mètre par mètre, jour après jour, sous les
yeux de la communauté internationale.

– 04h 00 :
LES ESPRITS DU KONIAMBO

DOCUMENTAIRE de Jean-Louis COMOLLI (105′- 2004)
Le réalisateur retourne en Nouvelle-Calédonie et retrouve le fils de
son principal collaborateur kanak, Antoine, décédé deux ans plus tôt.
Avant de mourir, Antoine s’était battu pour faire reconnaître les
droits de son peuple sur certaines terres. Ces terres sont riches en
nickel et les indépendantistes du Nord ont confié l’exploitation des
mines à une multinationale canadienne, la Falcon bridge.

C’est
l’histoire d’un homme kanak qui a réussi à faire reconnaître son clan à
une multinationale.

– 05h 30 : DEJEUNER + 1er Métro