Débat en présence des réalisatrices Anna Pitoun et Valérie Mitteaux,
de Alain Outreman, maire d’Achères,
de Jean-Pierre Dacheux philosophe et co-auteur du livre
«Roms de France, Roms en France – Le peuple du voyage»
aux éditions Le passager clandestin,
et d’Alexandre Le Cleve, directeur de l’association Hors la rue,
elle-même membre de Romeurope.
Le 25 mars 2005 nous avions organisé une rencontre autour du bouleversant documentaire Caravane 55. Cinq ans plus tard, en écoutant effarés les discours du gouvernement, comment ne pas repenser à cette soirée. La relecture du texte que nous avions fait à l’époque (voir ci-dessous) est saisissante. La situation est la même… en pire.
En février 2003, Anna Pitoun et Valérie Mitteaux réalisent, à la demande de Médecins du Monde et de l’association ASAV, un documentaire sur l’accès à l’éducation, à destination des populations Roms. Le tournage a lieu ici même à Achères où 30 familles Roms sont installées depuis 2 ans. Touchée par leur dénuement, la mairie n’a jamais pu se résoudre à les expulser. Les réalisatrices décident de suivre le parcours de Salcuta Filan, une jeune veuve de 29 ans qui met un point d’honneur à envoyer ses deux enfants, Gabi, 12 ans et Denisa, 10 ans, chaque jour à l’école.
Mais alors que le tournage touche à sa fin, les événements font voler en éclats le script initial. Sous le coup d’une politique qui se durcit vis-à-vis de l’immigration, les principaux protagonistes du film sont menacés d’expulsion. Le nouveau gouvernement désigne les Roms comme un “problème à résoudre”. Le film pédagogique se mue soudain en documentaire sociétal. Le 5 mars 2003, l’information tombe : la préfecture a prévu l’expulsion pour le lendemain matin. La ville se mobilise pendant la nuit et tente d’empêcher l’inévitable. La confrontation a lieu, mais 150 policiers encerclent le terrain et les caravanes sont détruites sous les yeux de leurs propriétaires. Achères prend alors une décision inattendue : les familles dont les enfants sont scolarisés doivent rester. Celle de Salcuta en fait partie. La mairie leur construit un terrain au cœur de la ville et décide d’affronter le préfet.
Au-delà du choc de l’expulsion, les auteurs décident de suivre le sort de quelques familles, dont celle de Salcuta, mais aussi de rendre compte de la mobilisation citoyenne de l’étonnante ville d’Achères, dont les habitants et les élus choisissent de tenir tête à l’Etat.
Parce que ce film se passe ici même à Achères. Parce qu’il nous a touchés et révoltés. Parce que nous avons envie de partager avec vous l’aventure dramatique de ces familles Roms. Parce qu’il nous semble important de pouvoir rencontrer les réalisatrices et les protagonistes du film. Parce que deux ans déjà se sont écoulés depuis l’expulsion et que finalement peu ou pas de solutions ont été trouvées. Parce que Caravane 55 parle de notre société, de la mince frontière entre légalité et légitimité
Cinéma Pandora, 6 allée Simone Signoret. Place du Marché. Achères
Pour en savoir plus : http://www.cinema-pandora.com/page10/page5/page5.html