Droit au logement est en deuil : après des années de lutte acharnée contre la maladie et contre l’oppression sous toutes ses formes, Pierrot (Pierre Oyez) est mort vendredi 24 août.
Pierrot – Pierre Oyez – est décédé à l’Hôtel Dieu, vendredi 24 aout, d’une longue maladie, à l’âge de 57 ans. Sa santé s’était brusquement dégradée pendant l’’été. Après une série d’hospitalisations, et un retour de quelques jours chez lui où il avait repris espoir, il a été de nouveau hospitalisé au service de réanimation dans le courant de la semaine. Les soignants ont été présents à ses cotés dans l’écoute et le respect de ses besoins et demandes jusqu’à la fin. Nous nous associons à l’’émotion et à la tristesse de ses proches et de sa famille, sa fille, ses petits enfants et son frère.
Ses obsèques auront lieu le Mercredi 29 Août 2012 à 13 H 3O
Au crématorium du cimetière du Père Lachaise
71 rue des Rondeaux 75020 Paris
(métro Gambetta)
Pierrot était une figure du DAL, doué d’une énergie qui semblait infinie pour la lutte sous toutes ses formes, sociale dans le combat contre le mal-logement et l’injustice, personnelle dans le combat contre la maladie.
Il avait lui-même connu la rue à la suite de son divorce, et s’était engagé auprès des mal-logés et des sans-logis lors de l’occupation du 41 avenue René Coty, dans le 14è arrondissement, en 1993. Il avait été à l’’époque le premier sans-abri à rejoindre la lutte des familles mal-logées et sans logis. Après son relogement, il avait continué la lutte, participant à la création du Comité des Sans Logis fin 1993, à l’’occupation de la rue du Dragon en 1994 et 1995, et à toutes les luttes conduites par Droit Au Logement par la suite.
A partir de la fin des années 1990, il s’’était investi dans le développement de la Fédération Droit au Logement, exerçant les responsabilités de porte-parole puis de trésorier adjoint et avait participé à la création du comité DAL à Saint Ouen, et aux actions dans de nombreuses villes de la banlieue parisienne, pour obtenir le relogement de familles à la rue.
Son énergie, sa volonté de vivre hors du commun et son grand courage lui ont permis de résister à la maladie pendant plus de 20 ans et de se remettre d’’un très grave accident. En 2003, à Clermont-Ferrand , alors qu’’il sort d’’une réunion à laquelle il représente la fédération DAL, il est fauché sur le trottoir par un chauffard, qui le traîne, coincé sous la voiture, sur 500 m. Le chauffard s’’enfuit à pied en le laissant pour mort. Force de la nature en dépit de sa stature fluette, Pierrot se remet contre toute attente de ses très graves blessures, tout en restant durablement fragilisé par les séquelles de cet accident.
Petite silhouette fragile et voix de stentor, un petit chien sur les talons, c’’était Pierrot et son chien Jodie. Nous nous souviendrons de lui et de ses exploits : c’était la seule personne capable de s’’abstenir de manger et de boire en pleine canicule sur le Larzac ; de tellement perdre la laisse de Jodie qu’il avait fini par l’’accrocher à la ceinture de son pantalon en cuir ; de se rendre aux forum sociaux avec un matelas gonflable deux fois gros comme lui ; d’entamer une grève de la faim à l’hôpital après son accident pour obtenir une permission de sortie exceptionnelle parce qu’il s’ennuyait…
Nous nous souviendrons de son rire tonitruant, qui pouvait suivre sans transition un accrochage avec un camarade avec lequel il était en désaccord. Nous nous souviendrons surtout de ses coups de gueule, qui ont résonné souvent dans les locaux du DAL, contre les mairies ou les bailleurs qui refusaient de loger ou d’’héberger, contre les oppresseurs. Il était libertaire dans l’âme et hostile à toute forme de hiérarchie et de bureaucratie.
Droit au logement salue un militant de valeur, généreux, courageux et combatif. Nous l’’aimions et nous le regrettons déjà.