Nous examinerons de quelle manière et dans quels buts la peur, émotion primaire, peut être fabriquée, encouragée, entretenue, et ce à grande échelle. Faire peur pour mieux gouverner ou pour mieux vendre, il s’agit toujours d’un moyen de domination. Lorsque les esprits sont paralysés par la peur, on peut leur faire accepter beaucoup de choses. D’où l’intérêt d’analyser et de déconstruire le discours et les images de la peur, afin de permettre à tout un chacun de conserver intacte sa capacité de jugement.
Nous proposerons ainsi, pour réfléchir ensemble à ces problématiques :
– plus de 50 films (documentaires et fictions, films d’animation, courts, moyens et longs-métrages) décrivant la situation en France et dans le monde,
– 13 débats correspondant aux sous-thèmes choisis (médias, surveillance, travail, chômage, enfance, banlieues, religion, politiques répressives ou folie) avec des intervenants spécialistes de ces questions,
– des rencontres improvisées lorsque les réalisateurs des films seront présents,
– des séances destinées plus particulièrement au jeune public (dès 3 ans) et une séance scolaire s’adressant à des lycéens,
– et toujours notre table de presse, avec les publications de nos partenaires, et une table-librairie, en partenariat avec la librairie Quilombo.
L’ouverture du festival se fera en présence d’Aurélie Trouvé, présidente d’ATTAC.
La projection en avant-première du film très attendu sur les médias, Les nouveaux chiens de garde, sera suivie d’un débat avec l’un des réalisateurs, en partenariat avec ACRIMED.
Enfin, la « nuit de la peur » fera la part belle à quatre films de fiction, le meilleur de la série B côtoiera de véritables curiosités, pour notre plus grand plaisir, entre rire et frissons…
http://local.attac.org/images-mouvementees/
Lorsque l’on observe l’évolution de la consommation de tranquillisants dans nos sociétés hyper-développées ou la multiplication des assurances qui peuvent être souscrites pour tout et n’importe quoi, on ne peut que constater la croissance d’une angoisse dont il semble naturel de rechercher les causes, tant les risques d’antan liés à la faim, aux aléas climatiques, au désordre, à la violence, aux épidémies, semblent plus lointains que jamais. Les progrès techniques, les avancées scientifiques et, d’une façon générale, le contrôle que l’homme exerce sur la nature et sur ses propres dérives n’ont en effet jamais été aussi grands.
Pourtant, la peur est partout, en partie alimentée par la surinformation qui nous noie, et participe de l’impuissance que nous éprouvons.
La peur de l’autre d’abord, dont on voit partout les symptômes : caméras de surveillance, fichage, politiques liberticides et répressives, discours racistes et identitaires, résidences sécurisées, ghettoïsation croissante, diabolisation de certaines religions…
Peur de la nature dont on n’accepte plus l’indiscipline, de plus en plus violente, il est vrai, en raison du mépris dont l’Homme a fait preuve à son égard : alimentation industrielle, réchauffement climatique (vagues géantes, canicules, innondations…), épuisement des ressources, vaccination contre de pseudo épidémies…
Celle de la science qui semble s’emballer et perdre le contrôle d’elle-même, et à laquelle le citoyen ordinaire croit ne plus rien pouvoir comprendre, mais dont il attend tout : pollutions de tous types, manipulations génétiques, nano-dangers, ondes électromagnétiques…
Peurs d’événements sur lesquels nous avons le sentiment de n’avoir aucune prise : déclassement social, pauvreté, terrorisme, guerres, démographie (invasions des populations du tiers monde, des produits chinois…), prolifération nucléaire, finance toute puissante…
Peurs fondamentales enfin, qui nous touchent au plus intime : solitude, vide, mort, abandon, qui reflètent une quête de sens dans un monde déboussolé qui confond abondance et bien-être.
Certaines parmi ces menaces sont délibérément exagérées, caricaturées, voire totalement inventées. Si certaines autres ont un fondement, la façon dont elles sont présentées, mises en scène, tend à nous paralyser plutôt qu’à nous faire réfléchir, réagir et agir. Quelles logiques, quels intérêts sous-tendent la vision qui nous est donnée du monde, proche ou lointain, qui nous entoure ?
En se demandant à qui profite la peur, on peut espérer distinguer les vrais dangers qui nous guettent des menaces agitées par les charlatans modernes.
La 9e édition du festival Images Mouvementées d’Attac tentera de décrypter les véritables enjeux derrière « le poids des mots et le choc des photos ».
La peur n’évite pas le danger, elle peut même le rendre plus dangereux encore.