« Il a tourné un premier film en Côte d’Ivoire, la Côte d’Ivoire est devenue indépendante. Après, il a tourné un autre film en Tunisie, la Tunisie est devenue indépendante. Un autre en Algérie, l’Algérie est devenue indépendante. Et maintenant il vient en Bretagne ? » dirent des gendarmes quand René Vautier créa l’UPCB (Unité de Production Cinéma Bretagne). Rencontre avec le cinéaste, pour qui une caméra est bien la seule arme de poing qui vaille.
Les extraits d’ »Afrique 50″ (1950), « Algérie en Flammes » (1958), « Peuple en marche (1965), « Avoir vingt ans dans les Aurès » (1971) ou « Mourir pour des images » (1971) suffisent à dire le poids de René Vautier dans la création cinématographique française. Il a célébré à grand fracas les noces du cinéma et de l’action politique militante, s’impliquant dans l’histoire de la décolonisation de l’Afrique Occidentale et du Maghreb, aidant à former les cinéastes de Tunisie et d’Algérie. Pour celui qui avoue n’avoir pas eu le temps d’apprécier la beauté des choses, l’art aura été le moyen le plus efficace de propager l’information et d’instiguer des actes de résistance. Dans de longs entretiens, il remet en perspective avec humour, mais la colère toujours rivée aux mots, la « légende » Vautier ; interviennent aussi les compagnons de lutte cinématographique de longue date, comme Soazig Chappedelaine, les Le Garrec, etc.