Voir le site: http://www.horschamp.org/
L’espace public existe-t-il encore aujourd’hui,
au sens plein du terme ?
Il y a une vingtaine d’années, rappelle Jacques Livchine, le théâtre de rue,
essaya, dans la lignée des saltimbanques, de rendre à la ville un peu de sa
liberté et de sa poésie.
Aujourd’hui, la gestion de l’espace public impose de telles contraintes que
l’art a du mal à y survivre, à moins d’être lui-même géré, organisé,
programmé, commercialisé, c’est-à-dire soumis à des règles qui lui font
perdre sa puissance d’action. Insidieusement, depuis quelques années, la
pratique de l’art, ou simplement de l’échange, est de plus en plus
circonscrite, limitée dans le temps et dans l’espace, comme l’analyse Patrick
Bouchain.
Face à l’aseptisation de l’espace et au règne de l’ordre, certains continuent à
chercher la spontanéité et la liberté de la pratique de l’art dans l’espace
public.
Francis Peduzzi, qui dirige la scène nationale de Calais, propose de grandes
manifestations vraiment populaires, Jean-Claude Amara, chanteur et militant
(Les Tréteaux de la colère) veut « fiancer l’art et la lutte », il dénonce autant
les restrictions préfectorales touchant les manifestations de rue que
l’affaiblissement de l’engagement des artistes.
La recherche de nouveaux publics s’est souvent traduite, en termes de
politique culturelle, par l’encouragement d’événements « hors les murs ».
Mais ces grands festivals, plus que des ré-appropriations de l’espace public
par le peuple, sont surtout l’occasion de canaliser son énergie et d’attirer le
touriste.
Certains artistes qui interviennent en extérieur refusent l’étiquette « arts de
rue », qui comme le souligne le plasticien Denis Tricot peut pervertir la
relation aux personnes et aux lieux, au profit du « divertissement ». Mark Etc
(Collectif Ici Même), Agnès Desfosses (Association de création théâtrale et
audiovisuelle) et le compositeur Nicolas Frize, nous font part de leurs
stratégies d’investissement de l’espace public.
Roger Assaf, fondateur de l’atelier d’art dramatique de Beyrouth et ardent
défenseur d’un théâtre outil de la société, est le Grand Témoin de ce numéro.
Il évoque sa pratique d’un théâtre qui s’adresse à une collectivité et traite
avec elle de son histoire et de son devenir. L’Europe est de plus en plus
réticente vis-à-vis d’artistes extérieurs au très sécurisé Espace Schengen.
Le
Festival Est-Ouest de Die est un important rendez-vous pour et avec des
artistes de l’est de l’Europe, et notamment de l’ex URSS.
Dans la rubrique Horschamp, Vincent Bady, président du Syndicat national
des arts vivants et fondateur du collectif Trois-Huit à Lyon, évoque son utopie
et son parcours, à la croisée de la pratique artistique et de l’engagement
syndical.
Jean-Noël Crocq (association Papageno), quant à lui, milite avec
ferveur pour le décloisonnement et la démocratisation de la musique
classique.
– SOMMAIRE DU NUMÉRO 68
GRAND TEMOIN > Entretien avec Roger Assaf
CHANTIER/UN ESPACE DE MOINS EN MOINS PUBLIC
Mutations dans l’espace/Entretien avec Patrick Bouchain
8 élucubrations sur le thème de la fête/Jacques Livchine
Le passeur du Channel/Entretien avec Francis Peduzzi
« Il faut fiancer l’art et la lutte »/Entretien avec Jean-Claude Amara
Une obscure nuit blanche/Entretien avec Anne Rousseau
Histoire express et subjective du théâtre de rue/Jacques Livchine
La transmission du désir/Entretien avec Agnès Desfosses
Ils ont fait la FAI-AR/Thomas Hahn
De l’autre côté du miroir/Entretien avec Mark Etc
Dissonances concertées/Entretien avec Denis Tricot
Interdits de public/Laurent Grisel
Murs du monde/Thomas Hahn
BREVES HISTOIRES DE RUE > Pronomade(s) en Haute-Garonne
Menace(s) sur le LMP
AGORA « Émeutes » urbaines/Michel Fize