« Mon projet, en guidant la prise d’images, était de donner à ceux qui
les verraient leur part de cet être-là que je voyais et entendais
vivre avec nous depuis six ou sept ans, tel qu’en ses attitudes,
gestes et propos, il était, familier et superbe, parole vacante et
tout à coup loquace et vitupérant et, dans le flot parlé, je
reconnaissais, à s’y méprendre, cette parole qui nous fait ce que nous
sommes et qui règne, universelle, historique, démonstrative, cocasse,
meurtrière. Nous partions à cinq, plus la caméra, plus l’autre qui
était ce gamin de treize ans glané dans la ville la plus proche. Les
Cévennes sont vastes et le thème était clair : deux adolescents
s’évadent d’un lieu psychiatrique, l’un qui court devant et qui fugue
comme il respire, et l’autre suit, débile mental un peu fou, peut-être
d’avoir vécu parmi ceux-là qui le sont. »
Fernand Deligny à propos du Moindre geste
Renseignements :
www.cip-idf.org